samedi 23 février 2013

Petite beauté Shuar, encore


Vous aurez peut-être reconnue la petite fille Shuar que j'avais surnommée Nunkui et dont j'avais déjà fait un portrait à l'aquarelle après l'avoir rencontrée en Amazonie (voir "Nunku-i",14.012013). Cette fois-ci, c'est le pastel gras qui prédomine - une technique que je m'efforce d'apprivoiser petit à petit.

Aquarelle et pastels gras, 23.02.2013
 Un bel extrait de La Horde du Contrevent que je viens de terminer - ou de dévorer plutôt: "Ils regardent les palais perchés là-haut et ils rêvent d'un vélivélo, voilà comment ils font! Un seul racleur qui réussit suffit à faire croire aux autres qu'ils ont tous leur chance. L'exploitation inepte qu'ils subissent tient parce qu'ils envient ceux qui les exploitent. Les voir flotter là-haut ne les révolte pas: ça les fait rêver! Et le pire est qu'on leur fait croire que seuls l'effort et le mérite les feront dépasser cinquante mètres d'altitude! Alors ils filtrent, et ils tamisent, et ils raclent le lit du fleuve jusqu'à atteindre ce sentiment de mériter... Mais quand ils l'atteignent, ils comprennent que personne, nulle part, ne peut juger de leur effort, qu'aucun acheteur ne reconnaît la valeur de ce qu'ils font. Qu'il n'y a pas de juge suprême des mérites, juste des marchands qui paient une matière première et qui la revendent quatre-vingt mètres plus haut le double de ce qu'ils l'ont payée. Ici, on les appelle les "monteurs d'escaliers". Alors le racleur prend la rage. Sauf que la rage, quand elle ne peut exploser, ou transformer ce qui la cause, finit par imploser! Elle se retourne en rancœur, elle s'introjecte en haine de soi et des autres, en cynisme triste, elle se distille en mesquineries fielleuses, elle se déverse par saccades sur les plus proches: la femme, les amis, les gosses..." Alain Damasio, La Horde du Contrevent, p.286

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